2010年07月08日

LA NUIT AMERICAINE (film français de François Truffaut - 112 minutes - 1973)

« Je me suis rassemblé et réconcilié avec moi-même grâce à La Nuit américaine, qui concerne simplement ma raison de vivre », écrit François Truffaut à Jean-Louis Bory, le 11 décembre 1974. Cette raison de vivre, c'est le cinéma. Qui a vu La Nuit américaine se souvient des métaphores du cinéaste pour qualifier ce qu'est un tournage : un voyage en diligence qu'on souhaite beau au départ avant d’espérer plus modestement atteindre la destination au fur et à mesure des difficultés rencontrées, un train qui avance à toute vitesse au cœur de la nuit...
François Truffaut y tient le rôle d’un cinéaste en train de tourner un film, c’est-à-dire de celui à qui il est interdit de tergiverser et à qui on pose toute la journée des questions sur une perruque, un revolver, un dialogue, etc. Son engagement physique et sa diction rapide et angoissée donnent au film son intensité et sa part de gravité souterraine.
A sa sortie, en 1973, La Nuit américaine provoqua un violent échange épistolaire entre Jean-Luc Godard et François Truffaut, le premier reprochant au second d'être un « menteur », et sans doute, à travers ce qualificatif, de proposer une vision visant à mythifier et dépolitiser une équipe de cinéma. Godard déplorait également que le metteur en scène soit le seul à ne pas coucher dans l’histoire et que les rapports de pouvoir soient éludés.
Quelle que soit la bonne ou mauvaise foi de Godard, l'ombre de cette lettre plana par la suite sur le film, qui, par ailleurs, fut un grand succès public et reçut l'Oscar du meilleur film étranger.
A une époque où n'importe qui, à travers les bonus de DVD, est persuadé de tout savoir sur la fabrication d'un film, La Nuit américaine ne se regarde plus à l'aune des trucs techniques dévoilés, telle la rampe à pluie artificielle ou la fausse neige soigneusement salie. Si la succession d'anecdotes reste amusante et la distribution (Valentina Cortese, Jean-Pierre Léaud, Dani, Jacqueline Bisset, etc.) éblouissante, c'est l'autoportrait qui touche. L'homme pressé mais attentif, qui rassure les acteurs et qui dédramatise les situations pathétiques par des blagues, c'est le cinéaste dans le film, Ferrand, mais aussi Truffaut. Ce dernier, par ailleurs, a pris soin que le film dans le film intitulé Je vous présente Paméla ne soit pas une grande œuvre, évitant ainsi de se donner trop d'importance.
Toute l'équipe technique est présente à l'image, si bien que la débutante Nathalie Baye s'y perdait. Jean-François Stévenin, à la fois assistant à la réalisation pour de vrai mais aussi en tant qu’acteur, se souvient de son trouble : « J'étais un peu déconcerté par cette image d'Epinal, et même très en colère contre François qui me faisait hurler dans un haut-parleur, ce qui aurait été impensable sur ses tournages. Mais lorsque j'ai revu le film [...], j'ai été sidéré : tout ce qui m'avait semblé dessin animé, caricatural, était passé à l'as. Restait François Truffaut, cinéaste, à l'écran. La vérité du film, qui m'avait échappé. »

Pierre Silvestri
posted by Pierre at 05:27| 奈良 ☀| Comment(0) | TrackBack(0) | Cinéma européen | このブログの読者になる | 更新情報をチェックする
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