Zorg rencontre Betty et c’est l’amour fou, la passion comme elle n’existe que dans les livres. Justement, des livres Zorg en écrit, et Betty est persuadée qu’il mériterait d’être publié. Est-ce le refus des éditeurs qui la fait sombrer dans la dépression ? Ou bien l’étroitesse d’esprit de ceux qui ne supportent pas leur amour dévorant ? Betty devient de plus en plus incontrôlable...
Des deux versions du film, la version intégrale (durée de 3 heures environ), dite longue par rapport au montage cinéma, est la meilleure. Le film gagne une heure, au sens propre et figuré, car il profite de chaque rallonge et de chaque rajout de scène qui viennent sustenter la fusion destructrice qui unit les deux protagonistes. Leur histoire gagne en intensité.
37°2 le matin en version longue, c’est plus d’orgasme, de félicité, de peur, de désespoir et de douleur.
Cette adaptation du livre éponyme du romancier Philippe Djian (né en 1949, il est considéré par certains comme l’héritier français de la Beat generation) publié en 1985, véritable phénomène à sa sortie en 1986,
37°2 le matin a été vite estampillé film de toute une génération. Les crises d’hystérie et de folie de la jeune Béatrice Dalle, qui campait avec Betty son premier personnage au cinéma, son amour fusionnel pour Zorg, interprété par un Jean-Hugues Anglade investi d’une mission dramatique, l’issue tragique de leur romance, les mythiques plages de Gruissan, la complicité festive entre les acteurs, tout cela nourrissait les fantasmes et les passions d’une jeunesse avide de rébellion et d’émotion. Sur la douce musique de Gabriel Yared, qui signa à cette occasion un thème musical à succès, le charme opéra.
L’amour des deux jeunes gens, seuls au monde, prêts à s’aimer jusqu’à la mort, peut être perçu comme naïf, mais révèle la pleine conscience de ce qui leur manque au sein de la société dans laquelle ils vivent.
Jean-Jacques Beineix qui se remettait de l’échec cuisant de
La Lune dans le caniveau (1983), assagissait sa mise en scène. L’éclairage de
37°2 n’est ni criard ni esthétisant. Les décors y sont plus sobres et réalistes. Néanmoins, le talent visuel du réalisateur est toujours éloquent, notamment quand il s’agit de retranscrire la douce chaleur estivale de Gruissan. Il a abandonné les effets visuels clinquants et s’est surtout intéressé à l’émotion.
Pierre Silvestri